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��\m LE SYSTi:.ME VRAISEMBLABLE.
qu'ont écrit ceux qui ont eu ic nom de sages ; le chaos redonl)le à cette lecture. On ne voit que des charlatans qui vous vendent sur leurs tréteaux des recettes contre la pierre, la goutte, et la rage; ils meurent eux-mêmes de ces maladies incurables qu'ils ont prétendu guérir, et sont remplacés d'âge en âge par des charla- tans nouveaux, empoisonneurs du genre humain, empoisonnés eux-mêmes de leurs diogues. Tel est notre petit globe. Nous igno- l'ons ce qui se passe dans les auti'es.
II.
C'est la contemplation de tant de misères et de tant d'horreurs qui a produit partout des athées, depuis Ocellus Lucanus jusqu'à l'auteur du Sysicmc de la nature\ Celui dont il nous reste un ou- vrage immortel est Lucrèce. Il est immortel sans doute par la force énergique des vers, bien moins élégants que ceux de Virgile : par la richesse et la vérité des descriptions, dans lesquelles Vir- gile peut-être ne l'a pas surpassé ; par la beauté de sa morale, qui promet plus qu'elle ne donne ; et même par quelques raison- nements métaphysiques pris dans Démocrite et dans Épicure, raisonnements qui ne demandaient qu'un peu d'esprit. Mais quelle ignorante physique! quelle absurde philosophie! Appar- tenait-il à ceux qui ne connaissaient aucune propriété de la lumière, de nier l'auteur de la lumière? Était-ce à ceux qui croyaient que toute génération vient de pourriture, et quele limon du Nil faisait naître des rats, à nier l'auteur de toute génération? Par quelle audace des ignorants, qui assuraient que notre soleil n'a que trois pieds de diamètre, pouvaient-ils enseigner que ces milliards d(! soleils qu'ils ne connaissaient pas ne pouvaient être l'ouvrage d'une intelligence suprême? Comment pouvaient-ils substituer à un premier moteur le hasard, qui n'est qu'un mot? Comment pouvaient-ils admetti-e des effets sans cause? dire que les yeux étaient placés par hasard au haut de la tête, et qu'alors les animaux avaient commencé à jouir de la vue? que les jnains, après bien des combinaisons, s'étaient mises au bout des bras, et qu'enfin les hommes avaient commencé à s'en servir? Au milieu de toutes ces extravagances, ces pauvres gens admettaient des dieux dans leurs intermondes; apparemment pour ne point trop choquer la superstition du ])euple grec et du peuple romain. Et à quoi bon des dieux qui ne faisaient rien, qui ne se mêlaient de
i. Voyez tonip XXX, pape 47 L
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