174 AVERTISSEMENT DE BEUCIIOT.
lut suivi(; (lu CiU. 11 n'eut ainsi d'abord à s'occuper que des chefs-d'œuvre, et son ardeur avait de quoi se soutenir ; aussi écrivait-il alors : « C'est avec un plaisir extrême (|ue je commente Corneille ^ « Mais quand il en l'ut à Per- th(U'ile, le dégoût put venir, et Voltaire trouva que «c'est une terriljle entre- prise de commenter trente-deux pièces -, dont vingt-deux ne sont pas sup- portables et ne méritent pas d'être lues^ ». En reprenant son commentaire, il ne dut pas y trouver beaucoup de charmes, et l'humeur du commentateur rejaillit ([uelquefois sur l'auteur.
Enfin, au bout de trois ans, parut l'édition du Theûlre de Pierre Cor- neille, avec des commentaires, etc., etc., 1704, douze volumes in-8". Cette édition produisit cent mille francs de bénéfice, partagés enire le libraire et M"'= Corneille S dont la dot s'éleva environ à quarante mille écus^. Une seconde édition, augmentée, s'imprimait en 1773^, et parut en 4774, en huit volumes in-4°. De Tournes et Panckoucke, qui avaient fait cette édition, n'en donnèrent qu'un seul exemplaire à Voltaire. « Si j'en avais deux, écrivait-il à d'Argental, il y a longtemps (|ue vous auriez le vôtre'. »
Ces éditions de 1764, douze volumes in-S", et de (774, huit volumes in-4°, furent les seules que donna Voltaire. Ses Commentaires sur le théâtre ont été admis dans les éditions des Œuvres de Pierre Corneille, publiées par Palissot (qui ajouta des Observations sur ces Commentaires , 1801, douze volumes in-S"; par M. A. -A. Renouard, 1817, douze volumes in-8°; et chez M. Lefèvre, 1824, douze volumes in-8°, faisant partie de sa Collec- tion des classiques français.
Du vivant de Voltaire, et dès 17G4, on avait imprimé séparément, c'est- à-dire sans le texte de Corneille, le Commentaire ou les notes de Voltaire.
L'édition encadrée des Œt^i'/'es de Voltaire (1773, in-S") ne contient que les préfaces de Voltaire sur les pièces de Corneille. Les éditions do Kehl sont les premières qui donnent le Comgientaire complet.
Ce Commentaire entrepris, comme je l'ai dit, dans l'intention d'être utile à une parente éloignée des descendants de Pierre Corneille, ne l'a été, suivant quelques personnes, que dans l'intention de dénigrer un homme qui sera toujours le père du théâtre^. Le commentateur, il est vrai, no dissimule pas les défauts, mais il ne refuse pas les éloges. « Je traite, dit-il, Corneille tantôt comme un dieu, tantôt comme un cheval de carrosse
1. Lettre à d'Argental, du 8 juillet 1761.
2. Corneille a composé trente-trois pièces de théâtre, ainsi que le dit Voltaire au mot Corneille, dans la Liste des écrivains, en tète du Siècle de Louis Xl\\ tome XIV.
3. Lettre à d'Argental, du "28 septembre 1701.
4. Lettre à Lahai[)^;, du 22 janvier 1773.
5. Lettre à Choiseul, du 1'"'" avril 1708.
6. Lettre à Laharpe, du 22 janvier 1773.
7. Lettre du 10 avril 1775.
8. Expressions de Voltaire dans sa Liste des écrivains, en tète du Siècle de Louis XIV. Voyez tome XIV.
[). Lettre à d'Argental. du 31 auguste 1701.
�� �