28 DERNIÈRES REMARQUES
l'extrôine cliaud ni l'extr^'inc froid. Les qualités excessives nous sont en- nemies, et non pas sensibles. Nous ne les sentons plus, nous en souiïrons : Irop de jeunesse et trop do vieillesse empêchent l'esprit'; trop et trop peu (le nourriture troublent ses actions; trop et trop peu d'instruction l'abêtis- sent. Les choses extrômes sont pour nous comme si elles n'étaient pas, et nous ne sommes point ii leur égard; elles nous échappent, ou nous à elles. Voilà notre état véritable; c'est ce qui resserre nos connaissances en de certaines bornes que nous ne passons pas, incapables de savoir tout et d'i- gnorer tout absolument. Nous sommes sur un milieu vaste, toujours incer- tains, et flottants entre l'ignorance et la connaissance; et si nous pensons aller plus avant, notre objet branle, et échappe 'à nos prises; il se dérobe, et fuit d'une fuite éternelle : rien ne peut l'arrêter. C'est notre condition na- turelle, et toutefois la plus contraire à notre inclination. Nous brûlons du désir d'approfondir tout, et d'édifier une tour qui s'élève jusqu'à l'infini; mais tout notre édifice cra(|ue, et la terre s'ouvre jusqu'aux abîmes. P.
Cette éloquente tirade- ne prouve autre chose, sinon que l'homme n'est pas Dieu. Il est à sa place comme le reste de la nature, imparfait, parce que Dieu seul peut être parfait; ou, pour mieux dire, l'homme est horné, et Dieu ne l'est pas. V. -
LXXXVL — Les difl'érents sentiments de désir, de crainte, de ravisse- ments, d'Iiorreur, etc., (|ui naissent des passions, sont accompagnés de sen- sations physiques agréables ou pénibles, délicieuses ou déchirantes. On rapporte ces sensations à la région de la poitrine; et il paraît que le dia- phragme en est l'organe. C.
Il es! vrai (jue, dans les mouvements suhils des grandes pas- sions, on sent vers la poiti^ine des convulsions, des défaillances, des agonies, qui ont quelquefois causé la mort ; et c'est ce qui fait que presque toute l'antiquité imagina une âme dans la poi- trine. Les médecins placèrent les passions dans le foie. Les ro- manciers ont mis l'amour dans le cœur. V.
LXXXVIL — Ceux (jui écrivent contre la gloire veulent avoir la gloire d'avoir bien écrit, et ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l'avoir lu; et moi, ([ui écris ceci, j'ai peut-être cette envie, et peut-être que ceux qui le liront l'auront aussi. P.
Oui, vous couriez après la gloire de passer un jour pour le fléau des jésuites, le défenseur de Port-Royal, l'apôtre du jansé- nisme, le réformateur des chrétiens. V.
1. Cela n'est pas dans le texte manuscrit.
2. Cette éloquente tirade n'est qu'une manière de traduction des vraies expressions de Pascal, qui sont encore plus éloquentes. (G. A.)
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