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32 DEUNIi-RES REMARQUES

étrivières, si je ne lo salue. Cet lial)it, cest une force; il n'en est pas de même d'un clieval inen enhaniaché à l'égard d'un autre'. P.

Bas, f'I iii(lii;iio de Pascal. V.

CV. — Tout instruit l'homme de sa condition; mais il faut bien entendre: car il n'est pas vrai (|ue Dieu se découvre en tout, et il n'est pas vrai qu'il se cache en tout- ; mais il est vrai tout ensemble qu'il se cache à ceux qui le tentent, et qu'il se découvre à ceux qui le cherchent, parce que les hommes sont tout ensemble indignes de Dieu et capables de Dieu; indignes par leur corruption, capables par leur première nature.

S'il n'avait jamais rien paru de Dieu, cette privation éternelle serait équivoque, et pourrait aussi bien se rapporter à l'absence de toute Divinité qu'à rindignité où seraient les hommes de le connaître; mais de ce qu'il paraît quelquefois et non toujours, cela ôte l'équivoque. S'il paraît une fois, il est toujours; et ainsi on ne peut Cii conclure autre chose sinon qu'il y a un Dieu, et ([ue les hommes en sont indignes.

S'il n'y avait point d'obscurité, l'homme ne sentirait pas sa corruption. • S'il n'y avait point de lumière, l'homme n'espérerait point de remède. Ainsi il est non-seulement juste, mais utile pour nous, que Dieu soit caché en partie et découvert en partie, puisqu'il est également dangereux à l'homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître Dieu.

Il n'y a rien sur la terre qui no montre ou la misère de l'honiuie, ou la miséricorde de Dieu; ou l'impuissance de l'homme sans Dieu, ou la puis- sance de l'homme avec Dieu.

Tout l'univers apprend à l'homme ou qu'il est corrompu, ou {|u'il est racheté. Tout lui apprend sa grandeur ou sa misère. P.

Ces articles me semblent de grands sophismes. Pourquoi ima- giner toujours que Dieu, en faisant riionime, s'est appliqué à exprimer grandeur et misère? Quelle pitié! Scilicet is supo-is lahor est'! V.

CVI. — S'il no fallait rien faire que pour le certain, on ne devrait rien faire pour la religion, car elle n'est pas certaine. Mais combien de choses fait-on pour l'incertain, les voyages sur mer, les batailles! Je dis donc qu'il ne faudrait rien faire du tout, car rien n'est certain ; et il y a plus de certi- tude il la religion, qu'à l'espérance que nous voyions le jour de demain. Car il n'est pas certain que nous voyions demain; mais il est certainement pos- sible que nous ne le voyions pas. On n'en peut pas dire autant de la religion. Il n'est pas certain qu'elle soit; mais qui osera dire qu'il est certainement

1. Dans le texte manuscrit, il y a au contraire : C'est bien de même qu'un cheval bien enharnaché à Végard d'un autre.

2. Texte exact: Car il n'est pas vrai que tout découvre Dieu, et il n'est pas vrai que tout cache Dieu.

3. Virgile, .En., IV, 379.

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