REMARQUES
tribueà augmenter L'intérêt 1 . Le spectateur eD attend avec plus d'émotion L'acteur qui doit servir au nœud, ou à le redoubler) ou à Le dénouer, ne t'ùt-il qu'un subalterne. Rien ae t'ait mieux voircombieu Corneille avail approfondi tous les secretsde son art. Molière, si admirable par la peinture des mœurs, par les tableaux de la \ie humaine, par la bonne plaisanterie, a man- qué à cette règle de Corneille. Dans la plupartde ses dénoûments, Les personnages ne sont pas assez annoncés, assez préparés.
Quand je o'aurois point parlé de Livie dans le premier acte de Cinna, j'aurois pu la faire outrer au quatrième.
I! eût été mieux de ne point du tout l'aire paraître Livie. Elle ne sert qu'à dérober à Auguste le mérite et la gloire d'une belle action. Corneille n'introduisit Livie que pour se conformer à L'histoire, ou plutôt à ce qui passait pour l'histoire : car cette aventure ne fui d'abord écrite que dans une déclamation de Sénèque sur la clémence. Il n'était pas dans la vraisemblance qu'Auguste eût donné le consulat à un homme très-peu considé- rable dans la république, pour avoir voulu L'assassiner.
La conspiration de Cinna et la consultation d'Auguste, avec lui el Maxime, n'ont aucune liaison entre elles... bien que le résultat de Tune produise de beaux effets pour l'autre.
('."est un grand coup de l'art, en effet; c'est une des beautés les plus théâtrales, qu'au moment où Cinna vient de rendre compte à Emilie de la conspiration, lorsqu'il a inspire tant d'hor- reur contre les cruautés d'Auguste, lorsqu'on ne désire que la mort de ce triumvir, lorsque chaque spectateur semble devenir lui-même un des conjurés, tout à coup Auguste mande Cinna et Maxime les chefs de la conspiration. On craint que tout ne soit découvert, on tremble pour eux. Et c'est là cette terreur qui produit, dans la tragédie, un effet si admirable et si nécessaire.
Euripide a use assez grossièrement du prologue .
Toutes les tragédies d'Euripide commencent, ou par un ac- teur principal qui dit son nom au public, el qui lui apprend le sujet de la pièce, ou par une divinité qui descend du ciel pour jouer ce rôle, comme Vénus àaoasPhèdre et Hippolyte.
Iphigénie elle-même, dans La pièce à'Ip) Tauride,
explique d'abord le sujet du drame, et remonte jusqu'à Tantale dont (die lait l'histoire. Corneille a bien raison de dire que cet
1. Voyez les remarques sur Héraclius, II, i. ci >ur Don Sanche d'Aragon, 1, 1.
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