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estime, de la sensible amitié de votre très-humble et obéissant serviteur, V.


1021. — À M. DE MAIRAN[1].
À Cirey, 14 janvier.

Notre très-aimable philosophe, tout Cirey vous fait les plus tendres compliments. Nous ne vous avons point écrit, parce que beaucoup d’occupations nouvelles nous ont extrêmement dérangés ; mais nous vous étudions sans vous le dire. M, de Maupertuis est ici[2]. Il fait de vous le cas qu’un grand génie doit faire de son confrère. Les matières que nous traitons ici ne font que redoubler notre estime pour vous. Il y a surtout une certaine impulsion, un choc des corps qui pourrait bien être de première nécessité. Il y a longtemps qu’un mot que vous m’en avez dit dans votre dernière lettre m’a bien donné à penser. C’est un germe qui produit une moisson de physique et de métaphysique ; mais je ne ferai jamais la moisson sans vous. Il me semble que l’éclaircissement d’une telle question est bien digne d’un esprit tel que le vôtre. Si jamais vous y travaillez, n’oubliez pas Cirey. Croyez qu’il n’y a aucun lieu sur la terre où l’on fasse plus de cas de vous, où la vérité soit plus chère, et où l’on aime mieux à la recevoir de votre plume. Plût à Dieu qu’on pût l’entendre de votre bouche !

Adieu, monsieur ; tout Cirey est à vous plus que jamais, et je suis particulièrement, avec l’estime la plus tendre, votre admirateur, votre ami, votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.

Cirey écrit peu aujourd’hui, parce qu’on n’a pas un moment à soi. Cela est étrange, à la campagne ; mais cela est vrai.


1022. — À M. THIERIOT[3].

Ce scélérat d’abbé Desfonlaines a donc enfin obtenu ce qu’il désirait ! Il m’a ôté votre amitié. Voilà la seule chose que je lui

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Mairan avait assisté à une lecture de la Voltairomanie faite par Desfontaines chez le marquis de Locmaria.
  2. Il était arrivé le 12 à Cirey, se rendant à Bâle auprés de Bernouilli.
  3. Cette lettre, datée dans Beuchot du 24 décembre 1738, ne peut étre que de janvier 1739.
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