< Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2065. — À M. DESTOUCHES[1].
À Paris.

Auteur solide, ingénieux,
Qui du théâtre êtes le maître,
Vous qui fîtes le Glorieux[2],
Il ne tiendra qu’à vous de l’être ;
Je le serai, j’en suis tenté,
Si mardi ma table s’honore
D’un convive si souhaité ;
Mais je sentirai plus encore
De plaisir que de vanité.

Venez donc, mon illustre ami, mardi à trois heures ; vous trouverez quelques académiciens, nos confrères ; mais vous n’en trouverez point qui soit plus votre partisan et votre ami que moi. Mme Denis dispute avec moi, je l’avoue, à qui vous estime davantage ; venez juger cette querelle. Savez-vous bien que vous devriez apporter votre pièce nouvelle[3] ? Vous nous donneriez les prémices des plaisirs que le public attend. L’abbé du Resnel ne va point aux spectacles, et il est très-bon juge ; ma nièce mérite cette faveur par le goût extrême qu’elle a pour tout ce qui vient de vous ; et moi, qui vous ai sacrifié Oreste de si bon cœur ; moi qui, depuis si longtemps, suis votre enthousiaste déclaré, ne mérité-je rien ? À mardi, à trois heures, mon cher Térence.


2066. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[4].
Février.

Je m’éveille assez agréablement pour un malade qui a été obligé de se coucher ; je reçois des ordres de mes anges.

Mes anges me prendront pour un grand insolent, quand je dirai, comme Samuel Bernard : Qu’on aille trouver mon notaire ! Il faut bien pourtant en passer par cette impertinence. Je leur demande très-sérieusement pardon de ne pas y courir moi-même ; mais Mme la duchesse du Maine m’attend, et mes anges peuvent aisément envoyer chez Laleu, ce soir ou demain matin : ils peuvent être sûrs qu’ils seront obéis sur-le-champ.

  1. Cette lettre, classée dans Beuchot au mois de janvier, ne peut être que postérieure au 7 février, date de la suspension d’Oreste.
  2. Voyez tome XXXIII, page 260.
  3. La Force du naturel, qui fut jouée le 11 février 1750.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.