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sieur, un bonheur que je désire plus que je ne l’espère ; il disait qu’au mois d’août je pourrais répéter après Virgile :


· · · · · · · · · · Amat bonus otia Daphnis ;
Ipsi lætitia voces ad sidera tollunt
Intonsi montes.


Ma chaumière n’est pas digne de vous recevoir ; mais mon cœur est digne de vous rendre ses hommages. Je vous les renouvelle de trop loin avec le plus tendre respect.


Voltaire.

Permettez-moi de présenter mes respects à monsieur votre fils.


4547. — À M. DE CIDEVILLE.
Aux Délices, le 20 mai.

Mon cher et ancien ami, nos ermitages entendent souvent prononcer votre nom. Nous disons plus d’une fois : Que n’est-il ici ! il ferait des vers galants pour la nièce du grand Corneille, nous parlerions ensemble de Cinna, et nous conviendrions qu’Athalie, qui est le chef-d’œuvre de la belle poésie, n’en est pas moins le chef-d’œuvre du fanatisme.

Il me semble que Grégoire VII et Innocent IV ressemblent à Joad comme Ravaillac ressemble à Damiens.

Il me souvient d’un poème intitulé la Pucelle, que, par parenthèse, personne ne connaît. Il y a dans ce poème une petite liste des assassins sacrés, pas si petite pourtant ; elle finit ainsi :


Et Mérobad, assassin d’Itobad,
El Benadad, et la reine Athalie
Si méchamment mise à mort par, Joad[1].


Vous voyez, mon cher ami, que vous vous êtes rencontré avec cet auteur.

Je pardonne donc à tous ceux dont je me suis moqué, et notamment à l’archidiacre Trublet, et même à frère Berthier, à condition que les jésuites, que j’ai dépossédés d’un bien qu’ils avaient usurpé à ma porte, payeront leur contingent de la somme à quoi tous les frères sont condamnés solidairement.

  1. Chant XVI, vers 143. Le texte est un peu différent de la citation.
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