< Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà comme je suis… J’ai dans ma tête
Prétendu faire une fortune honnête :
La voilà faite ; une fille d’ici
Me tracassait, me donnait du souci,
C’était Colette, et j’ai vu la friponne
Pour mes écus mugueter ma personne :
J’ai voulu rompre, et je romps ; j’ai l’espoir
D’avoir Acanthe, et je m’en vais l’avoir,
Car je m’en vais lui parler. Sa manière
Est dédaigneuse, et son allure est fière :
Moi, je le suis ; et, dès que je l’aurai,
Tout aussitôt je vous la réduirai ;
Car je le veux. Allons…


Scène III.

MATHURIN ; COLETTE, courant après.

COLETTE.

Je t’y prends, traître !


MATHURIN, sans la regarder.

Allons.


COLETTE.

Tu feins de ne me pas connaître ?


MATHURIN.

si fait… bonjour.


COLETTE.

Mathurin ! Mathurin !
Tu causeras ici plus d’un chagrin.
De tes bonjours je suis fort étonnée,
Et tes bonjours valaient mieux l’autre année :
C’était tantôt un bouquet de jasmin,
Que tu venais me placer de ta main ;
Puis des rubans pour orner ta bergère ;
Tantôt des vers, que tu me faisais faire
Par le baillif, qui n’y comprenait rien,
Ni toi ni moi, mais tout allait fort bien :
Tout est passé, lâche ! tu me délaisses.


MATHURIN.

Oui, mon enfant.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.