Après tant de promesses,
Tant de bouquets acceptés et rendus,
C’en est donc fait ? Je ne te plais donc plus ?
Non, mon enfant.
Et pourquoi, misérable ?
Mais je t’aimais ; je n’aime plus. Le diable
À t’épouser me poussa vivement ;
En sens contraire il me pousse à présent :
Il est le maître.
Eh ! va, va, ta Colette
N’est plus si sotte, et sa raison s’est faite.
Le diable est juste, et tu diras pourquoi
Tu prends les airs de te moquer de moi.
Pour avoir fait à Paris un voyage,
Te voilà donc petit-maître au village ?
Tu penses donc que le droit t’est acquis
D’être en amour fripon comme un marquis ?
C’est bien à toi d’avoir l’âme inconstante !
Toi, Mathurin, me quitter pour Acanthe !
Oui, mon enfant.
Et quelle est la raison ?
C’est que je suis le maître en ma maison ;
Et pour quelqu’un de notre Picardie
Tu m’as paru un peu trop dégourdie :
Tu m’aurais fait trop d’amis, entre nous ;
Je n’en veux point, car je suis né jaloux.
Acanthe, enfin, aura la préférence :
La chose est faite : adieu ; prends patience.
Adieu ! non pas, traître ! je te suivrai,
Et contre ton contrat je m’inscrirai.
Mon père était procureur ; ma famille
À du crédit, et j’en ai ; je suis fille,
Et monseigneur donne protection,