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290 LES SCYTHES.

Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare : Sans état, sans patrie, inconnue en ces lieux. Tous les humains, Sulma, sont égaux à mes yeux : Tout m’est indifférent.

SULMA.

Ah ! contrainte inutile ! Est-ce avec des sanglots qu’on montre un cœur tranquille ?

OBÉIDE.

Cesse de m’arracher, en croyant m’éblouir,

Ce malheureux repos dont je cherche à jouir.

Au parti que je prends je me suis condamnée.

Va, si mon cœur m’appelle aux lieux où je suis née,

Ce cœur doit s’en punir ; il se doit imposer

Un frein qui le retienne, et qu’il n’ose briser.

SULMA.

D’un père infortuné, victime volontaire.

Quels reproches, hélas ! auriez-vous à vous faire ?

OBÉIDE.

Je ne m’en ferai plus. Dieux ! je vous le promets, Obéide à vos yeux ne rougira jamais.

SULMA.

Qui, vous ?

OBÉIDE.

Tout est fini. Mon père veut un gendre, Il désigne Indatire, et je sais trop l’entendre : Le fils de son ami doit être préféré.

SULMA.

Votre choix est donc fait ?

OBÉIDE.

Tu vois l’autel sacré Que préparent déjà mes compagnes heureuses. Ignorant de l’hymen les chaînes dangereuses. Tranquilles, sans regrets, sans cruel souvenir.

SULMA.

D’où vient qu’à cet aspect vous paraissez frémir ?

1. Voltaire voulait que pendant cette scène de jeunes bergères, vêtues de blanc, vinssent attacher des guirlandes aux arbres qui entourent l’autel. (G. A.)

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