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Scène VI


Les Précédents ; Le Jeune Arzémon, enchaîné.


LE JEUNE ARZÉMON

Hélas ! Après mon crime, il me faut donc paraître
Aux yeux d’un homme juste à qui je dois mon être,
Dont j’ai déshonoré la vieillesse et le sang ;
Aux yeux d’un bienfaiteur dont j’ai percé le flanc ;
Aux regards indignés de son vertueux frère ;
Devant vous, ô ma sœur ! Dont la juste colère,
Les charmes, la terreur, et les sens agités,
Commencent les tourments que j’ai tant mérités.


LE VIEIL ARZÉMON, les regardant tous.

J’apporte à ces douleurs, dont l’excès vous dévore,
Des consolations, s’il peut en être encore.


ARZAME

Il n’en sera jamais après ce coup affreux.


CÉSÈNE

Qui ?… toi, nous consoler ! toi, père malheureux !


LE VIEIL ARZÉMON

Ce nom coûta souvent des larmes bien cruelles,
Et vous allez peut-être en verser de nouvelles ;
Mais vous les chérirez.


IRADAN

Quels discours étonnants !


CÉSÈNE

Adoucit-on les maux par de nouveaux tourments ?


LE VIEIL ARZÉMON

Que n’ai-je appris plus tôt, dans mes sombres retraites,
Le lieu, le nouveau poste, et le rang où vous êtes !
La guerre loin de moi porta toujours vos pas ;
Enfin je vous retrouve.


CÉSÈNE

En quel état, hélas !


LE VIEIL ARZÉMON

Vous allez donc livrer aux mains qui les attendent
Ces deux infortunés ?


ARZAME

Ah ! les lois le commandent ;
Oui, nons devons mourir.

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