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Scène VI.



LE MARQUIS, DORMÈNE, DIGNANT ; quelques domestiques entrent précipitamment avec MATHURIN.



MATHURIN.

Tout va bien, tout va bien,
Tout est en paix, la femme est retrouvée ;
Votre parent nous l’avait enlevée :
Il nous la rend ; c’est peut-être un peu tard.
Chacun son bien ; tudieu ! quel égrillard !


LE MARQUIS, à Dignant.

Courez soudain recevoir votre fille ;
Qu’elle demeure au sein de sa famille.
Veillez sur elle ; ayez soin d’empêcher
Qu’aucun mortel ose s’en approcher.


MATHURIN.

Excepté moi ?


LE MARQUIS.

Non ; l’ordre que je donne
Est pour vous-même.


MATHURIN.

Ouais ! tout ceci m’étonne.


LE MARQUIS.

Obéissez…


MATHURIN.

Par ma foi, tous ces grands
Sont dans le fond de bien vilaines gens.
Droit du seigneur, femme que l’on enlève !
Défense à moi de lui parler… Je crève.
Mais je l’aurai, car je suis fiancé :
Consolons-nous, tout le mal est passé.

(Il sort.)



LE MARQUIS.

Elle revient ; mais l’injure cruelle
Du chevalier retombera sur elle ;
Voilà le monde ; et de tels attentats
Faits à l’honneur ne se réparent pas.

(À Dormène.)


Eh bien ! parlez, parlez ; daignez m’apprendre
Ce que je brûle et que je crains d’entendre :
Nous sommes seuls.


DORMÈNE.

Il le faut donc, monsieur ?
Apprenez donc le comble du malheur :
C’est peu qu’Acanthe, en secret étant née
De cette Laure, illustre infortunée,
Soit sous vos yeux prête à se marier
Indignement à ce riche fermier ;

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