a percé les détours de nos vastes forêts ;
par le fardeau des ans sa marche est ralentie.
Il apporte, dis-tu, la rançon d’Astérie ?
Oui. J’ignore à ton roi ce qu’il peut présenter ;
Cydon ne produit rien qui puisse vous flatter.
Vous allez ravir l’or au sein de la Colchide ;
le ciel nous a privés de ce métal perfide ;
dans notre pauvreté que pouvons-nous offrir ?
Votre cœur et vos bras, dignes de nous servir.
Il ne tiendra qu’à vous ; longtemps nos adversaires,
si vous l’aviez voulu, nous aurions été frères.
Ne prétendez jamais parler en souverains ;
remettez, dès ce jour, Astérie en nos mains.
Sais-tu quel est son sort ?
Elle me fut ravie.
à peine ai-je touché cette terre ennemie,
j’arrive : je demande Astérie à ton roi,
à tes dieux, à ton peuple, à tout ce que je voi ;
je viens ou la reprendre ou périr avec elle.
Une Hélène coupable, une illustre infidèle,
arma dix ans vos grecs indignement séduits ;
une cause plus juste ici nous a conduits ;
nous vous redemandons la vertu la plus pure :
rendez-moi mon seul bien ; réparez mon injure.
Tremblez de m’outrager ; nous avons tous promis
d’être jusqu’au tombeau vos plus grands ennemis ;
nous mourrons dans les murs de vos cités en flammes,
sur les corps expirants de vos fils, de vos femmes…
(à Dictime.)
guerrier, qui que tu sois, c’est à toi de savoir
ce que peut le courage armé du désespoir.
Tu nous connais : préviens le malheur de la Crète.
Nous savons réprimer cette audace indiscrète.
J’ai pitié de l’erreur qui paraît t’emporter.
Tu demandes la paix, et viens nous insulter !