Qui ? Moi !
Mêle tes pleurs aux pleurs que je répands ;
goûte un destin nouveau dans mes embrassements ;
image de ta mère, à mes vieux ans rendue,
joins ton âme étonnée à mon âme éperdue.
ô mon roi !
Dis mon père… il n’est point d’autre nom.
Hélas ! Est-il bien vrai, généreux Azémon ?
J’en atteste les dieux.
Tout est connu.
Mon père !
Teucer, à ses gardes.
Qu’on délivre Datame en ce moment prospère…
vous, écoutez.
ô ciel, ô destins inouïs !
Oui, si je suis à vous, Datame est votre fils ;
je vois, je reconnais, votre âme paternelle.
Seigneur, voyez déjà la faction cruelle
dans le fond de ce temple environner Pharès :
déjà de la vengeance ils font tous les apprêts ;
on court de tous côtés ; des troupes fanatiques
vont, le fer dans les mains, inonder ces portiques.
Regardez Mérione, on marche autour de lui ;
tout votre ami qu’il est, il paraît leur appui.
Est-ce là ce héros que j’ai vu devant Troie ?
Quelle fureur aveugle à mes yeux se déploie ?
L’inflexible Pharès a-t-il dans tous les coeurs
des poisons de son âme allumé les ardeurs ?
Il n’entendit jamais la voix de la nature ;
il va vous accuser de fraude, d’imposture.
Datame, en sa puissance, et de ses fers chargé,
a reçu son arrêt, et doit être égorgé.