< Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée

Grégoire

Rendez-moi cette coupe. Eh quoi ! vous frémissez !
Çà, jurez à présent ; vous, Daphnis, commencez.



Daphnis, chante en récitatif mesuré, noble, et tendre.

Je jure par les dieux, et surtout par Glycère.
De l’aimer à jamais comme j’aime en ce jour.
Toutes les flammes de l’amour
Ont coulé dans ce vin quand j’ai vidé mon verre.
O toi qui d’Ariane as mérité le cœur.
Divin Bacchus, charmant vainqueur,
Tu règnes aux festins, aux amours, à la guerre.
Divin Bacchus, charmant vainqueur,
Je t’invoque après ma Glycère.

Symphonie.
Daphnis continue.

Descends, Bacchus, en ces beaux lieux ;
Des Amours amène la mère ;
Amène avec toi tous les dieux ;
Ils pourront brûler pour Glycère.
Je ne serai point jaloux d’eux ;
Son cœur me préfère.
Me préfère, me préfère aux dieux.



Grégoire

C’est à vous de jurer, Glycère, à votre tour.
Devant Bacchus lui-même, au grand dieu de l’amour.



Glycère, chante.

Je jure une haine implacable
A ce vilain magot,
A ce fat, à ce sot ;
Il m’est insupportable.
Je jure une haine implacable.
A ce fat, à ce sot.
Oui, mon père, oui, mon père,
J’aimerais mieux en enfer
Épouser Lucifer.
Qu’on n’irrite point ma colère ;
Oui, je verrais plutôt le peu que j’ai d’appas
Dans la gueule du chien Cerbère,
Qu’entre les bras
Du vilain qui croit me plaire.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.