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SOPHONISBE

TRAGÉDIE

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

s Y P H A X, une lettre à la main ; SOLDATS. SYPHAX.

Se peut-il qu’à ce point l’ingrate me trahisse ?

Sophonisbe ! ma femme ! écrire à Massinisse !

À Tami des Romains ! que dis-je ? à mon rival !

Au déserteur heureux du parti d’Annibal,

Qui me poursuit dans Cirthe, et qui bientôt peut-être

De mon trône usurpé sera l’indigne maître !

J’ai vécu trop longtemps, vieillesse ! ô destins !

Ah ! que nos derniers jours sont rarement sereins !

Que tout sert à ternir notre grandeur première !

Et qu’avec amertume on finit sa carrière !

À mes sujets lassés ma vie est un fardeau ;

On insulte à mon âge ; on ouvre mon tombeau.

Lâches, j’y descendrai, mais non pas sans vengeance.

(Aus soldats.)

Que la reine à l’instant paraisse en ma présence.

(Il s’assied, et fit la lettre.)

Qu’on l’amène, vous dis-je. Époux infortuné. Vieux soldat qu’on trahit, monarque abandonné, Quel fruit peux-tu tirer de ta fureur jalouse ? Seras-tu moins à plaindre en perdant ton épouse ? Cet objet criminel, à tes pieds immolé,

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