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82 SOPIIOMSIÎE.

J'ai deux l'ois aujourd'hui passé du trône aux fers. Je ne puis me venger de mes indignes maîtres ; Je ne puis me l)aigner dans le sang de ces traîtres; Arrache-moi \i\ vie, et nunirs auprès de moi; Sophonisl)e deux fois sera lihrc par toi,

MASSIMSSE,

Tu le veux?

SOPHO.MSBE.

Tu le dois,

MASSIMSSE.

Je frémis, je t'admire.

SOPHONISBE,

Je te devrai ma mort, je te devais l'empire; J'aurai reçu de toi tous mes hiens en un jour.

MASSINISSE.

Quels biens ! ah ! Soplionishe !

SOPIIOMSBE.

Objet de mon amour! Ame tendre ! ftme noble ! expie avec courage Le crime que tu lis en combattant Cartilage. Sauve-moi.

MASSI.NISSE,

Par ta mort ?

SOPHONISBE,

Sans doute. Aimes-tu mieux Me voir a^ec opprobre arracher de ces lieux i? Roi soumis aux Romains, et mari d'une esclave. Aimes-tu mieux servir le tyran qui te brave ; Me voir sacrifiée à son ambition ? Écrasons, en mourant, l'orgueil de Scipion,

MASSIMSSE.

Va, sors : je vois de loin des Romains qui m'épient; De tous les malheureux ces monstres se défient, ^'a, nous nous rejoindrons.

SOPHONISBE.

Arbitre de mon sort, Souviens-toi de ma gloire : adieu, jusqu'à ma mort.

(Elle sort.)

\. Racine avait dit {Phèdre, acte IV, scène ii) :

Te fasse avec opprobre arracher do ces lieux.

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