LE MANDARIN. — Hé bien ! ne vous tourmentez
plus tant ; je vous assure que vous êtes de ma religion.
LE JÉSUITE. — Ah ! vous vous rendez à la fin.
Je savais bien que je vous convertirais.
Quand le mandarin et le jésuite eurent été d’accord, le mandarin donna au moine cette profession de foi :
1° La religion consiste dans la soumission à Dieu et dans la pratique des vertus.
2° Cette vérité incontestable est reconnue de toutes les nations et de tous les temps : il n’y a de vrai que ce qui force tous les hommes à un consentement unanime : les vaines opinions qui se contredisent sont fausses.
3° Tout peuple qui se vante d’avoir une religion particulière pour lui seul offense la Divinité et le genre humain ; il ose supposer que Dieu abandonne tous les autres peuples pour n’éclairer que lui.
4° Les superstitions particulières n’ont été inventées que par des hommes ambitieux qui ont voulu dominer sur les esprits, qui ont fourni un prétexte à la nation qu’ils ont séduite d’envahir les biens des autres nations.
5° Il est constaté par l’histoire que ces différentes sectes, qui se proscrivent réciproquement avec tant de fureur, ont été la source de mille guerres civiles ; et il est évident que si les hommes se regardaient