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dialogues philosophiques

instruit des usages du pays et de la manière de prophétiser,

il peut craindre d’être scandalisé ; et quand il voit Élisée faire dévorer quarante enfants par des ours, pour l’avoir appelé tête chauve, un châtiment si peu proportionné à l’offense peut lui inspirer plus d’horreur que de respect.

Pardonnez-moi donc si les livres juifs m’ont causé quelque embarras. Je ne veux pas avilir l’objet de votre vénération ; j’avoue même que je peux me tromper sur les choses de bienséance et de justice, qui ne sont peut-être pas les mêmes dans tous les temps ; je me dis que nos mœurs sont différentes de celles de ces siècles reculés ; mais peut-être aussi la préférence que vous avez donnée au Nouveau Testament sur l’Ancien peut servir à justifier mes scrupules. Il faut bien que la loi des Juifs ne vous ait pas paru bonne, puisque vous l’avez abandonnée ; car si elle était réellement bonne, pourquoi ne l’auriez-vous pas toujours suivie ? et, si elle était mauvaise, comment était-elle divine ?


LE CALOYER. — l’Ancien Testament a ses difficultés. Mais vous m’avouez donc que le Nouveau Testament ne fait pas naître en vous les mêmes doutes et les mêmes scrupules que l’Ancien ?


L’HONNÊTE HOMME. — Je les ai lus tous deux avec attention ; mais souffrez que je vous expose les inquiétudes où me jette mon ignorance. Vous les plaindrez, et vous les calmerez.

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