< Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
dialogues philosophiques


L’ADORATEUR. — C’est non seulement celle de Socrate, qui se moquait des fables des Grecs, mais celle de Jésus, qui confondait les pharisiens.


LE DOUTEUR. — Si vous êtes de la religion de Jésus, pourquoi n’êtes-vous pas de celle des jésuites, qui possèdent trois cents lieues de pays en long et en large au Paraguay ? Pourquoi ne croyez-vous pas aux prémontrés, aux bénédictins, à qui Jésus a donné tant de riches abbayes ?


L’ADORATEUR. — Jésus n’a institué ni les bénédictins, ni les prémontrés, ni les jésuites.


LE DOUTEUR. — Pensez-vous qu’on puisse servir Dieu en mangeant du mouton le vendredi, et en n’allant point à la messe ?


L’ADORATEUR. — Je le crois fermement, attendu que Jésus n’a jamais dit la messe, et qu’il mangeait gras le vendredi, et même le samedi.


LE DOUTEUR. — Vous pensez donc qu’on a corrompu la religion simple et naturelle de Jésus, qui était apparemment celle de tous les sages de l’antiquité ?


L’ADORATEUR. — Rien ne paraît plus évident. Il fallait bien qu’au fond il fût un sage, puisqu’il déclamait contre les prêtres imposteurs, et contre

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.