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dialogues philosophiques

l’Être suprême sans superstition. Laissez là les

cachots des couvents ; laissez là vos mystères contradictoires et inutiles, l’objet de la risée universelle ; prêchez Dieu et la morale, et je vous réponds qu’il y aura plus de vertu et plus de félicité sur la terre.


LA COMTESSE. — Je suis fort de cette opinion.


M. FRÉRET. — Et moi aussi, sans doute.


L’ABBÉ. — Eh bien ! puisqu’il faut vous dire mon secret, j’en suis aussi.


Alors le président de Maisons, l’abbé de Saint-Pierre, M. Dufay, M. Dumarsais, arrivèrent ; et M. l’abbé de Saint-Pierre lut, selon sa coutume, ses Pensées du matin, sur chacune desquelles on pourrait faire un bon ouvrage.


pensées détachées de m. l’abbé de saint-pierre


La plupart des princes, des ministres, des hommes constitués en dignité, n’ont pas le temps de lire ; ils méprisent les livres, et ils sont gouvernés par un gros livre qui est le tombeau du sens commun.

S’ils avaient su lire, ils auraient épargné au monde tous les maux que la superstition et l’ignorance ont causés. Si Louis XIV avait su lire, il n’aurait pas révoqué l’édit de Nantes.

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