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individu et dans les foules, la libération du pays. Il peut encore

moins être commencé une fois les nerfs apaisés, si toutefois l’apaisement survient un jour ; il serait beaucoup trop tard, il ne pourrait plus même être question d’aucun traitement.

L’important n’est donc pas qu’ils affirment devant l’étranger leur droit à gouverner la France ; de même que pour un médecin l’important n’est pas d’affirmer son droit à soigner un malade. L’essentiel est d’avoir établi un diagnostic, conçu une thérapeutique, choisi des médicaments, vérifié qu’ils sont à la disposition du malade. Quand un médecin sait faire tout cela, non sans risque d’erreur, mais avec des chances raisonnables d’avoir vu juste, alors, si on veut l’empêcher d’exercer sa fonction et mettre à sa place un charlatan, il a le devoir de s’y opposer de toutes ses forces. Mais si, dans un endroit sans médecins, plusieurs ignorants s’agitent autour d’un malade dont l’état demande les soins les plus précis, les plus éclairés, qu’importe aux mains duquel d’entre eux il se trouve pour mourir ou pour être sauvé seulement par le hasard ? Sans doute, il vaut mieux de toute manière qu’il soit aux mains de ceux qui l’aiment. Mais ceux qui l’aiment ne lui infligeront pas la souffrance d’une bataille faisant rage à son chevet, à moins de se savoir en possession d’une méthode susceptible de le sauver.

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