d’une fortune nouvelle, vous ne les exploiterez même pas, vous les donnerez… Moi, ce n’est pas un don que je vous demande, c’est une aide fraternelle, l’aide qui va me permettre de diminuer l’injustice et de faire du bonheur. »
Alors, très simplement, Jordan consentit.
« Mon ami, je veux bien. Vous aurez l’argent pour réaliser votre rêve… Et, comme il ne faut pas mentir, j’ajoute que ce rêve n’est toujours, à mes yeux, qu’une utopie généreuse, car vous ne m’avez pas pleinement convaincu. Excusez mon doute de savant.. Mais n’importe ! vous êtes un brave homme, tentez votre œuvre, je suis avec vous. »
Luc eut un cri de triomphe, dans un élan de tout son être, qui sembla le soulever de terre.
« Merci je vous dis que l’œuvre est faite, et nous en aurons la divine joie ! »
Sœurette n’avait pas bougé, n’était pas intervenue. Mais toute la bonté de son cœur était montée à sa face, de grosses larmes d’attendrissement gonflaient ses yeux. Elle se leva, sous une force irrésistible. Elle s’approcha de Luc, muette, éperdue, et elle le baisa au visage, tandis que ses larmes coulaient. Puis, dans son extraordinaire émotion, elle se jeta entre les bras de son frère, elle y sanglota longuement.
Un peu surpris de ce baiser au jeune homme, Jordan s’inquiéta.
« Quoi donc, petite sœur ? Tu ne nous désapprouves pas, au moins ? C’est vrai, nous aurions dû te consulter… Mais il en est temps encore. Es-tu avec nous ? »
— Oh ! oui, oh ! oui, balbutia-t-elle, souriante, radieuse dans les larmes. Vous êtes deux héros, et je vous servirai, disposez de moi. »
Le soir du même jour, vers onze heures, Luc vint s’accouder à la fenêtre du pavillon, comme la veille,