Oui, Camille, il est vrai, par ce grand hyménée
Tous nos maux sont finis, la guerre terminée,
Et l'illustre Pyrrhus en me donnant la main
M'assure de nouveau le pouvoir souverain.
Que du Peuple autrefois la criminelle audace [5]
Chassant AEacidès nous ait mis en sa place,
C'est un crime du sort qu'il faut mettre en oubli,
S'il l'osa détrôner, son fils est rétabli,
Et mon père avec lui partageant sa puissance
Confond les droits du sang dans ceux de l'alliance. [10]
Chacun voit avec joie éclater le grand jour
Où le don de ma foi va payer son amour ;
Cette heureuse union charme toute l'Épire.
Dans ce bonheur public moi seule je soupire
Et j'en sens mes ennuis d'autant plus à redoubler [15]
Qu'il faut taire les maux qui me vont accabler.