< Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme

Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Vœu.

VŒU


Pour trois ans seulement, oh ! que je puisse avoir
Sur ma table un lait pur, dans mon lit un œil noir,
Tout le jour du loisir ; rêver avec des larmes,
Vers midi, me coucher à l’ombre des grands charmes ;
Voir la vigne courir sur mon toit ardoisé,
Et mon vallon riant sous le coteau boisé ;
Chaque soir m’endormir en ma douce folie,
Comme l’heureux ruisseau qui dans mon pré s’oublie ;
Ne rien vouloir de plus, ne pas me souvenir.
Vivre à me sentir vivre !… Et la mort peut venir[1].


  1. Mihi sex menses satis sunt vitæ : septimum Orco spondeo.
    « Que j’aie six mois de bons, je donne à Pluton le septième. » C’est un vers de Cécilius, et qui est, dit-on, traduit de Ménandre. Cicéron l’a cité au livre II, 7, du traité De finibus. Joseph Delorme, quand il soupira son Vœu, ne savait rien de tout cela.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.