Les Châtiments, Hetzel-Quantin, , O.C. tome 4 (p. 383-385).
collectionVictor HugoFrançois FlamengHetzel-Quantin1882ParisVO.C. tome 4Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvuHugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/11383-385
VI
CHANSON
Sa grandeur éblouit l’histoire. Quinze ans, il fut
Le dieu que traînait la victoire Sur un affût ;
L’Europe sous sa loi guerrière Se débattit. —
Toi, son singe, marche derrière Petit, petit.
Napoléon dans la bataille, Grave et serein,
Guidait à travers la mitraille L’aigle d’airain.
Il entra sur le pont d’Arcole, Il en sortit. —
Voici de l’or, viens, pille et vole, Petit, petit.
Berlin, Vienne, étaient ses maîtresses ; Il les forçait,
Leste, et prenant les forteresses Par le corset ;
Il triompha de cent bastilles Qu’il investit. —
Voici pour toi, voici des filles, Petit, petit.
Il passait les monts et les plaines, Tenant en main
La palme, la foudre, et les rênes Du genre humain ;
Il était ivre de sa gloire Qui retentit. —
Voici du sang, accours, viens boire, Petit, petit.
Quand il tomba, lâchant le monde, L’immense mer
Ouvrit à sa chute profonde Son gouffre amer ;
Il y plongea, sinistre archange, Et s’engloutit. —
Toi, tu te noieras dans la fange, Petit, petit.