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qu’on appelle un philosophe ! Allons, monsieur, pour me punir de vos torts, et payer mon zèle et ma fidélité, tuez-moi cela fera beaucoup d’honneur à la philosophie ! » – « Ah, mon ami ! s’écria le marquis en jetant sa bûche, je vous demande pardon ; mais, je[1]

  1. que vous ne soyez pas catholique, car je pourrais vous être utile ; ayant plusieurs canonicats vacans, je vous en donnerais un. » Le baron crut qu’il n’avait rien de mieux à faire que de se faire catholique ; dès le soir même il fit abdication, et vint le lendemain dire au roi que, suivant le conseil de sa majesté, il s’était rendu catholique. « Diable ! dit le roi, c’est trop tard ; j’ai nommé au canonicat vacant ; mais si vous vouliez vous faire juif, il y a une place de rabbin que je vous promets. » Le baron de Pollnitz avait joui d’une grande faveur près de Frédéric-Guillaume, père de Frédéric ; il en avait obtenu de fortes pensions ; mais sa prodigalité ne lui permit pas de rien économiser : il ne savait point administrer son bien ; c’était un gaspillard, un prodigue ; de plus, il était roué, ne croyait à rien ; il mourut dans un âge très-avancé, plus de quatre-vingt-cinq ans. Il avait laissé des Mémoires sur la Prusse qui contenaient des choses fort intéressantes. Le prince de Prusse, qui depuis fut roi sous le nom de Frédéric-Guillaume, les lui acheta, et ils n’ont pas été rendus publics. (Voyez les Souvenirs de M. Thiébault, t. 3, p. 58.)
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