la pluralité[1] est quelque chose en dehors des objets sensibles[2] ? Et si les idées sont du même genre que les choses qui en participent, il y aura entre les idées et ces choses quelque rapport commun. Car, pourquoi y aurait-il entre les dyades périssables et les dyades qui sont plusieurs aussi, mais éternelles[3], plutôt qu’en la dyade idéale et la dyade particulière, unité et identité du caractère constitutif de la dyade[4] ? S’il n’y a pas communauté de genre, il n’y aura de commun que le nom ; ce sera comme si l’on donnait le nom d’homme à Callias et à un morceau de bois, sans avoir remarqué aucun rapport entre eux.
Une des plus grandes difficultés à résoudre, ce serait de montrer à quoi servent les idées aux être sensibles éternels, ou à ceux qui naissent et périssent. Car elles ne sont point pour eux causes de mouvement ni d’aucun changement. Elles ne sont d’aucun secours pour la connaissance des autres êtres ; car elles n’en sont point l’essence, sinon elles seraient en eux. Elles
- ↑ Le modèle qui s’applique à plusieurs objets, l’idée.
- ↑ Alexandre d’Aphrodisée : « Une qualité, dans ce monde, ne peut pas correspondre à une essence dans le monde des idées. Si les idée sont des essences, leurs images ne peuvent donc pas être en partie essences, en partie autre chose. » Schol., f. 570 ; Sepulv., p. 31.
- ↑ Les dyades mathématiques, le nombre deux, la ligne. Les êtres mathématiques étaient intermédiaires entre les choses sensibles et les idées : il y avait donc entre eux et les choses sensibles cette communauté générique dont il s’agit.
- ↑ Τὸ δυὰς εἶναι, ce qui fait que la dyade est une dyade, son essence. Aristote se sert fréquemment de l’infinitif, soit, comme ici, précédé d’un nominatif, soit précédé du datif : Τὸ ἑνὶ εἶναι, τὸ ἀνθρώπῳ εἶναι, pour désigner l’essence, le caractère propre de l’être.