Les Atomistes renversent la question : ce qu’ils voient dans la nature, c’est surtout le côté sensible, que les Éléates avaient négligé ; mais ils ne pénètrent guère plus avant qu’eux dans la question ontologique. Leucippe et Démocrite admettent pour principes le plein et le vide, l’être et le non-être ; puis, ces principes ne leur suffisant pas, ils introduisent la cause du mouvement ; mais bien loin d’en faire un principe séparé, ils l’identifient avec la matière. Les atomes jouissent d’un mouvement éternel ; les diverses transformations du monde ne sont que le résultat de ce mouvement inhérent à la matière. Considérer ainsi la cause du mouvement, c’est la supprimer, ou du moins, ce n’est pas en traiter d’une manière scientifique. Ces spéculations ressemblent à celles des philosophes mathématiciens du XVIIIe siècle, qui expliquaient tous les phénomènes par des lois générales, sans rapporter ces lois à un principe qui pût les expliquer.
La cause essentielle semble avoir été entrevue aussi
- ↑ Liv. I, 5.