Cependant Aristote donne quelquefois, à l’exemple de Platon, une force propre à la matière. Platon avait admis que la cause de tout mal, c’était la matière ; que son imperfection, en la rendant incapable de reproduire parfaitement l’idée qui se réalisait en elle, était la cause de tous les désordres du monde ; qu’elle offusquait la vue de l’intelligence humaine, de même qu’elle voilait l’harmonie de l’univers. La matière avait donc une force propre, une force de résistance au bien, et la divinité n’avait pu qu’imparfaitement triompher de cette puissance.
La même idée se reproduit dans Aristote. Dans le monde il y a, selon lui, une fortune[1], il y a des productions du hasard tout aussi bien que des productions naturelles ; et tout cela, fortune, hasard, est le
- ↑ Liv. VI et XI.