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MA DERNIÈRE CHANSON
PEUT-ÊTRE
FIN DE JANVIER 1814
Je n’eus jamais d’indifférence
Pour la gloire du nom français.
L’étranger envahit la France,
Et je maudis tous ses succès.
Mais, bien que la douleur honore,
Que servira d’avoir gémi ?
Puisqu’ici nous rions encore,
Autant de pris sur l’ennemi !
Quand plus d’un brave aujourd’hui tremble,
Moi, poltron, je ne tremble pas.
Heureux que Bacchus nous rassemble
Pour trinquer à ce gai repas !
Amis, c’est le dieu que j’implore ;
Par lui mon cœur est affermi.
Buvons gaîment, buvons encore :
Autant de pris sur l’ennemi !
Mes créanciers sont des corsaires
Contre moi toujours soulevés.
J’allais mettre ordre à mes affaires,
Quand j’appris ce que vous savez.
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