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86. L’envie est la pire de toutes les passions ; elle consume les esprits, qui ensuite consument la substance du corps ; passion d’autant plus nuisible et d’autant plus corrosive, qu’elle est perpétuelle, et que, suivant l’expression d’un ancien, elle n’a point de jours de fêtes[1].

87. La compassion, causée par la vue des maux d’autrui, et auxquels on ne se croit pas soi-même exposé, est salutaire. Mais si elle peut se réfléchir, en quelque manière, sur celui qui la ressent, et s’il craint de devenir à son tour, pour les autres, un objet de pitié, alors elle est nuisible, à cause de ces craintes qui s’y mêlent.

88. Une honte légère et momentanée n’est rien moins que nuisible ; car, après avoir un peu contracté les esprits, elle les dilate ensuite, et les répand doucement au dehors ; nais la honte occa-

  1. Si le mal d’autrui est une fête pour l’envie, tout étant plein de maux, il est presque toujours fête pour elle.
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