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[1]cette opinion négative[2] ? On a prétendu qu’Épicure dissimuloit sa véritable opinion sur ce point ; que, pour mettre en sûreté sa réputation et sa personne, il affirmoit publiquement qu’il existoit des êtres parfaitement heureux et jouissant tellement d’eux-mêmes, qu’ils ne daignoient pas se mêler du gouvernement de ce monde inférieur : mais qu’au fond

  1. Ce grand être, mes sens ne me le montrent pas ; mais ils me préparent à le voir, et ma raison me le montre dans la subordination de tous les êtres, dont ils m’ont révélé l’existence. Il est, voilà ce qu’elle me dit ; mais quel est-il ? voilà ce qu’elle ne me dit pas ; car tout ce qu’elle me dit sur ce sujet, est tiré de l’homme même, et tout ce que l’homme tire de lui-même tient trop de la nature humaine, pour devoir être appliqué à l’être incommensurable qu’il veut mesurer.
  2. À se mettre en état de résister à ceux qui soutiennent l’affirmative : comme ils sont dans la charitable habitude de brûler leurs adversaires, pour les réfuter, on tâche de se faire un grand nombre de prosélytes, pour jeter de l’eau sur les fagots, et tenir de sa propre force la tolérance qu’on n’obtiendroit pas de leur charité.
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