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Débris dévastateurs, armes de la colère,
Qui jaillissent par flots du volcan populaire.
Ô vengeance ! déjà sur le pavé glissant
Nos ennemis français versent le premier sang ;
C’est une femme ! eh bien ! qu’on porte pour enseigne10
Aux yeux de tout Paris ce cadavre qui saigne ;
Lentement promené devant le drapeau noir,
Qu’il convoque le peuple aux vengeances du soir.
Oh ! si la sombre nuit, cette fois trop précoce,
Ne vient pas dans sa course arrêter le colosse,
Son gigantesque pied va broyer dans ses bonds
Ces stupides soldats, seul peuple des Bourbons !
Ah ! sur Paris encor qu’un beau soleil demeure ;
Qui le croirait ! on dit qu’irrités contre l’heure,
De nouveaux Josués, au pied de chaque tour11,
Tiraient sur les cadrans pour arrêter le jour.
Ô sublime folie ! Hélas ! la nuit trop noire
Veut jusqu’au lendemain suspendre la victoire ;
Tout finit : le pouvoir, despote caressant,
À ses pâles soutiens compte le prix du sang ;
Et le peuple, à regret signant un armistice,
Demande au lendemain son soleil de justice.

Voilà Paris ! quelle lugubre teinte12
Mêle ses toits avec l’ombre des cieux !
Son triste peuple erre silencieux
En contemplant la grande ville éteinte.

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