en 89 le premier attroupement ; ils disaient toujours que la première révolution n’aurait pas eu lieu si le roi eût fait marcher sur Paris les vingt mille hommes de Besenval et les dragons de Bouillé. Entichés de ces belles idées de stratégie contre-révolutionnaire, MM. Cottu, Madrolle, Coniam accablaient de mémoires un roi peu liseur, pour le forcer à monter à cheval. Le roi ne monta pas à cheval ; mais, par un beau dimanche de juillet, il mit l’épée à la main et défila devant un régiment de sa garde. L’explosion de joie royaliste fut accablante pour nous ; M. Cottu s’embrasa ; de là à son cheval il n’y avait qu’un pas, la monarchie était sauvée, le libéralisme vaincu.
Maintenant qu’ils soient tous sans regrets, non-seulement pour les vingt mille hommes de Besenval et les dragons de Bouillé, mais encore pour tout autre moyen d’oppression militaire qu’aurait pu employer Charles X. Ils se sont enfin convaincus que tous les dragons du monde, tous les Suisses des treize Cantons trouveraient dans Paris des pavés pour cénotaphes et une terre pour les dévorer.
5. Là dans leurs pelotons la fusillade éclate.
Les Suisses ont fait feu les premiers sur la place du Palais-Royal ; c’était dans l’ordre et dans leur métier. Ce fut aussi un bonheur pour nous ; il faut avoir vu quelle indignation brûla les Parisiens, quand ils se virent fusiller, dans leur sainte ville, par des esclaves venus du lac Léman. Honneur ! honneur ! honneur ! aujourd’hui et dans les siècles ! à cet héroïque officier du 5e, qui le premier oublia de prétendus devoirs à force d’honneur ! Que son nom soit gravé sur l’airain, que son épée brisée devienne un monument national !
Ce grand exemple, si généreusement suivi, nous fit notre victoire plus facile, et nous épargna bien du sang.
Nous devons consigner dans ces notes, non pas ce qu’on nous