< Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III.

De telz ordures te reculles :
Laboure, fauche champs et prez ;
Sers et panse chevaux et mulles,
S’aucunement tu n’es lettrez,
Assez auras si prens en grez.
Mais si chanvre broyés ou tilles[1],
Ne metz ton labour qu’as ouvrez
Tout aux tavernes et aux filles.

ENVOI.

Chausses, pourpoincts et bourrelets[2],
Robes et toutes vos drapilles[3],
(Ains que cessez)[4] vous porterez
Tout aux tavernes et aux filles.


On voit que, s’il fait le mal, ce n’est pas faute de connaître le bien ; mais que voulez-vous ?


En grand’pauvreté
(Ce mot dit-on communément)
Ne gist pas trop grand’loyauté.
............
Nécessité fait gens mesprendre,
Et faim saillir le loup des boys.


Villon ne manque pas, chaque fois que l’occasion s’en présente, de revenir sur cette idée, et par toutes les la-

  1. Tiller le chanvre, c’est démêler l’écorce d’avec les parties filasseuses.
  2. Chaperons.
  3. Vos nippes.
  4. Ains que cessez, à moins que vous ne cessiez.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.