< Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la vie, et s’écrie, comme Mécénas : Qu’importe, pourvu

que je vive !… Il a trouvé, avant La Fontaine,


Mieux vault goujat debout qu’empereur enterré.


Voici ce qu’il dit :


Mieux vault vivre sous gros bureaux[1],
Povre, qu’avoir esté seigneur,
Et pourrir soubz riches tombeaux.


Il tâche de se consoler en pensant que son sort est commun à tout le monde.


Si ne suis (bien le considère)
Fils d’ange portant diadème,
D’étoille ne d’autre sydere ;
Mon père est mort, Dieu en ayt l’ame ;
Quant est du corps, il gyst sous lame[2].
J’entends que ma mère mourra,
Et le sçait bien la povre femme,
Et le fils pas ne demourra.

Je cognois que povres et riches,
Sages et fols, prebstres et laiz,
Nobles, villains, larges et chiches,
Petitz et grands, et beaux et laidz,
Dames à rebrassez[3] colletz,
De quelconque condiction,
Portant atours et bourrelets,
Mort saisit sans exception.

Et meure Pâris ou Hélène,
Quiconque meurt, meurt à douleur :
Celui qui perd vent et baleine,

  1. Étoffe grossière.
  2. Tombeau.
  3. Fraise montée.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.