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tout le fruit d’un travail qui abrège la vie. C’est à ce coup que vous m’allez bien gronder. Nous auriez tort, mon cher ange ; ne voyez-vous pas que si mon sujet était arrangé à ma fantaisie, j’aurais déjà commencé les vers ?

Mais quelle est donc la maladie de Mme d’Agental ? que veut donc dire son pied ? Si la comédie ne la guérit point, que pourra Fournier[1] ? Son état m’afflige sensiblement Quand vous irez à la Comédie, mon cher et respectable ami, faites, je vous prie, pour moi les remerciements les plus tendres à Gengis-kan[2].

Il est vrai que je ne pouvais mieux me venger de l’auteur[3] de Mèrope, opéra, qu’en vous en envoyant un petit échantillon. Je crois qu’à présent on doit trouver ses vers fort mauvais à Versailles. Je suis toujours attaché à Mme de Pompadour ; je lui dois de la reconnaissance, et j’espère qu’elle sera longtemps en état de faire du bien. Adieu, mon cher ange ; je vous embrasse tendrement.


3125. — À M. TRONCHIN, DE LYON[4].
26 février.

Que dites-vous du départ du grand docteur Tronchin ? Le docteur m’est venu voir sur la route ; il ne m’a pas dit où il allait ; mais je crois l’avoir deviné.

Le bruit d’un combat naval a couru dans nos montagnes ; mais elles sont trop éloignées de la mer. Il paraît que voilà la guerre de Rome et de Carthage. Les Carthaginois forcèrent les Romains à devenir meilleurs marins qu’eux ; mais il y a encore bien loin de Brest à Londres. Le commerce souffrira beaucoup, les deux nations s’épuiseront en Europe pour quelques arpents de neige en Amérique. Il paraît qu’il n’y a qu’une petite décoration de changée à Versailles. Eh bien ! les Anglais valent donc 40 livres pièce ? Des dissensions pour un vieux conseiller du grand conseil, des guerres ridicules chez les Algonquins, des billets de confession, etc., tout cela fait que je me trouve fort bien à Monrion et aux Délices.

  1. Médecin nommé dans la lettre 2681.
  2. Lekain.
  3. Le roi de Prusse.
  4. Revue suisse, 1855.
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