C’est à nous, c’est à toi, si tu te sens l’audace
De braver mon courage, ainsi que ma disgrâce.
Je ne fus pas admis au commerce des dieux
Pour aller égorger mon ami sous leurs yeux ;
C’est un crime nouveau, c’est toi qui le prépares.
Va, nous étions formés pour être des barbares.
Marchons ; viens décider de ton sort et du mien,
T’abreuver de mon sang, ou verser tout le tien.
*J’y consens avec joie, et sois sûr qu’Olympie
Acceptera la main qui t’ôtera la vie.
Ils mettent l’épée à la main.
Scène III
L’Hiérophante sort du temple précipitamment, avec les Prêtres et les Initiés, qui se jettent avec une foule de peuple entre Cassandre et Antigone, et les désarment.
Profanes, c’en est trop. Arrêtez, respectez
Et le dieu qui vous parle, et ses solennités[1].
Prêtres, initiés, peuple, qu’on les sépare ;
Bannissez du lieu saint la discorde barbare ;
Expiez vos forfaits… Glaives, disparaissez.
Pardonne, Dieu puissant ! Vous, rois, obéissez.
.
Je cède au ciel, à vous.
- ↑ Il serait à souhaiter que cette scène put être représentée dans la place qui
conduit au péristyle du temple ; mais alors cette place occupant un grand espace,
le vestibule un autre, et l’intérieur du temple ayant une assez grande profondeur,
les personnages qui paraissent dans ce temple ne pourraient étre entendus : il faut
donc que le spectateur supplée a la décoration qui manque.
On a balancé longtemps si on laisserait l’idée de ce combat subsister, ou si on
la retrancherait. On s’est déterminé à la conserver, parce qu’elle parait convenir
aux mœurs des personnages, à la pièce, qui est toute en spectacles, et que l’hiérophante semble y soutenir la dignité de son caractère. Les duels sont plus fréquents dans l’antiquité qu’on ne pense. Le premier combat, dans Homère, est un duel à
la tête des deux armées, qui le regardent, et qui sont oisives ; et c’est précisément
Ce que propose Cassandre. (Note de Voltaire.)