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Vous voulez que Cydon cède au joug de la Crète ;
portez celui des dieux dont je suis l’interprète :
mais voici la victime[1].

(on amène Astérie, couronnée de fleurs et enchaînée.)


Scène III


les précédents, Astérie.

Dictime

à son aspect, seigneur,
la pitié qui vous touche a pénétré mon cœur.
Que dans la Grèce encore il est de barbarie !
Que ma triste raison gémit sur ma patrie !


Pharès

Captive des crétois, remise entre mes mains,
avant d’entendre ici l’arrêt de tes destins,
c’est à toi de parler, et de faire connaître
quel est ton nom, ton rang, quels mortels t’ont fait naître.


Astérie

Je veux bien te répondre. Astérie est mon nom ;
ma mère est au tombeau ; le vieillard Azémon,
mon digne et tendre père, a, dès mon premier âge,
dans mon cœur qu’il forma fait passer son courage.
De rang, je n’en ai point ; la fière égalité
est notre heureux partage, et fait ma dignité.


Pharès

Sais-tu que Jupiter ordonne de ta vie ?


Astérie

Le Jupiter de Crète, aux yeux de ma patrie,
est un fantôme vain que ton impiété
fait servir de prétexte à ta férocité.


Pharès

Apprends que ton trépas, qu’on doit à tes blasphèmes,
est déjà préparé par mes ordres suprêmes.


Astérie

Je le sais, de ma mort indigne et lâche auteur ;
je le sais, inhumain, mais j’espère un vengeur.

  1. Tantôt Pharès apparaissait à Voltaire sous les traits de l’évêque de Cracovie, tantôt sous la figure de Christophe de Beaumont, archevêque de Paris
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