et les fronts de béliers égorgés et sanglants
sont de ces murs sacrés les honteux ornements :
ces nuages d’encens, qu’on prodigue à toute heure,
n’ont point purifié son infecte demeure.
Que tous ces monuments, si vantés, si chéris,
quand on les voit de près, inspirent de mépris !
Cher Datame, est-il vrai qu’en ces pourpris funestes
on n’offre que du sang aux puissances célestes ?
Est-il vrai que ces grecs, en tous lieux renommés,
ont immolé des grecs aux dieux qu’ils ont formés ?
La nature à ce point serait-elle égarée ?
à des flots d’imposteurs on dit qu’elle est livrée,
qu’elle n’est plus la même, et qu’elle a corrompu
ce doux présent des dieux, l’instinct de la vertu :
c’est en nous qu’il réside, il soutient nos courages :
nous n’avons point de temple en nos déserts sauvages ;
mais nous servons le ciel, et ne l’outrageons pas
par des vœux criminels et des assassinats.
Puissions-nous fuir bientôt cette terre cruelle,
délivrer Astérie, et partir avec elle !
Rendons tous les captifs entre nos mains tombés,
- ↑ par toute la terre connue, excepté dans les Indes et dans les pays au delà du Gnage. C’est ce qui fait dire à un célèbre poëte anglais:
- The priests eat roast beef, and the people stare.
- Les pr^tres sont à table, et le sot peuple admire.